Le collectif urbain BRAL veut que l’interdiction des Diesel à Bruxelles soit antérieure à l’échéance de 2030 fixée par la Région. Pour BRAL, il s’agit d’améliorer rapidement et radicalement la qualité de l’air dans la capitale.
Une étude récente de l’International Council on Clean Transportation (ICCT) sur les émissions réelles des véhicules Diesel à Bruxelles montrait que nombre d’entre eux polluent nettement plus que ce que prétendent leurs constructeurs. Ce sont surtout les Diesel Euro 4, qui ne seront plus autorisés à entrer à Bruxelles à partir de 2022, qui sont les grands responsables. En effet, leur « contribution » se monte à près de la moitié des émissions de particules fines de l’ensemble du parc automobile, alors que ces voitures n’en représentent en réalité que 12 %.
Cette situation a incité BRAL, un mouvement urbain qui se bat pour un Bruxelles durable (avec les priorités suivantes : une meilleure qualité de l’air, une économie à la fois verte et sociale et un développement urbain efficace et participatif), a demandé la mise en œuvre aux politiciens de mesures plus strictes. Pourtant, la Région a déjà mis en place un plan de suppression progressif des Diesel dans la capitale : à partir de 2022, les Diesel Euro 4 ne seront plus autorisés à entrer à Bruxelles et à partir de 2025, ce sont les Euro 5 qui seront interdits tandis qu’en 2030, les récents Euro 6d seront bannis à leur tour. Pour BRAL, ce rythme n’est toutefois pas assez soutenu. C’est pourquoi les représentants de ce mouvement demandent leur élimination pure et simple, et ce le plus rapidement possible. Selon BRAL, cette interdiction permettra de réduire le nombre de décès prématurés dus à la pollution atmosphérique.
Le Diesel, c’est dépassé
BRAL soutient que les moteurs Diesel appartiennent au passé. Le mouvement estime que l’installation d’une zone à faible émission et l’interdiction des Diesel Euro 4 à partir de janvier 2022 sont importantes pour la qualité de l’air à Bruxelles, mais qu’il est nécessaire d’aller plus loin, car les émissions de dioxyde d’azote et de particules fines restent trop élevées en raison de l’utilisation des autres moteurs Diesel de génération plus récente.
BRAL argumente et cite notamment l’exemple de Paris qui interdira tous les moteurs Diesel à partir de 2024. Le mouvement souhaite que Bruxelles adopte la même posture en utilisant principalement l’argument de la santé des résidents de la capitale. C’est évidemment un argument de poids, mais cette élimination accélérée des voitures Diesel est-elle réaliste et, surtout, est-elle aussi socialement possible et équitable ?
Un soutien de la population ?
Il va de soi que dans un régime totalitaire, on peut décider d’une chose un jour et la faire exécuter le lendemain, sans se soucier de quoi que ce soit. En revanche, dans une société démocratique comme la nôtre, c’est plus compliqué, car il faut respecter la situation de chacun. Or, dans ce cas-ci, on peut effectivement s’attendre à l’expression de pas mal de résistance, car aucune alternative n’est proposée.
En effet, depuis des années, les transports en commun souffrent d’un désinvestissement structurel, ce qui altère leur qualité. En outre, nombre de personnes n’ont pas non plus les moyens financiers d’acheter directement une nouvelle voiture, et probablement encore moins une voiture électrique beaucoup plus coûteuse, et ce alors que leur voiture Diesel actuelle est souvent encore en très bon état.
Si le verdissement du parc automobile reste un thème essentiel sur lequel il faut continuer de travailler, certains groupes de pression entendent forcer la transition vers la conduite électrique, ce qui n’est pas une bonne idée. En effet, c’est le Belge moyen qui en sera alors la victime. Car, à Bruxelles, il n’y a pas vraiment d’alternative et le concerné n’aura d’autre choix que d’abandonner sa voiture ou en acheter une autre, électrique. Voilà un dilemme qui ne sera pas de nature à fédérer la population.